Le machinisme agricole accueille sa première machine fonctionnant au méthane

200 000 visiteurs, des allées pleines à craquer et une effervescence palpable : le salon du machinisme agricole, discret voisin du mastodonte versaillais, ne fait pas dans la figuration. Cette année, le clou du spectacle s’annonce tonitruant, ou presque silencieux : une machine agricole roulant au méthane attire tous les regards. Loin du folklore, ici, c’est l’innovation qui écrit le scénario.

Plus de 1800 exposants

Dans ce grand rendez-vous du machinisme, plus de 1800 exposants rivalisent d’astuces pour réinventer le quotidien des agriculteurs. Les projecteurs se braquent sur New Holland, constructeur français qui mise gros sur un tracteur propulsé au gaz naturel. Ce modèle, annoncé pour une commercialisation d’ici deux ans, compte bien bousculer les habitudes de la filière. Moins de particules fines, une facture carburant divisée, avec un prix affiché à 0,999 euro le kilo, le gaz naturel s’impose comme une alternative solide face au diesel.

Le moteur méthane d’un mini tracteur ne se contente pas d’être économique. Il se fait discret à l’oreille, tout en affichant des performances comparables à celles de l’essence. En coulisses, le prototype multiplie les essais depuis cinq ans. Reste l’écueil de l’autonomie : le fabricant vise la barre des huit heures d’utilisation. Le défi n’est pas mince, mais l’ambition ne faiblit pas.

Du carburant au niveau local

Pourquoi ce tracteur intrigue-t-il autant les agriculteurs français ? Parce qu’il résonne avec la réalité de terrain. Plus de 10 000 communes hexagonales bénéficient du réseau de gaz de ville, et la méthanisation ne cesse de gagner du terrain. Le pays compte environ 600 méthaniseurs opérationnels, preuve que la boucle locale du gaz est loin d’être une utopie.

À Mortagne-sur-Sèvre, en Vendée, plus de dix éleveurs ont uni leurs forces pour créer la station Agribiométhane. Résultat : une trentaine de véhicules, tracteurs compris, carburent grâce à l’énergie produite sur place. L’exemple n’est pas isolé. Cent stations BioGNV jalonnent désormais le territoire, et celle de Vendée tourne exclusivement au biogaz produit localement. À chaque kilomètre parcouru, c’est un peu d’indépendance énergétique qui s’affirme.

Des mini-stations GNV en perspective

Regardons de plus près les perspectives ouvertes par cette technologie. Actuellement, la demande de véhicules fonctionnant au GNV émane surtout des collectivités, bus et camions de collecte en tête. Dans ce paysage, la marque IVECO, filiale du groupe New Holland, écoule plus de 1000 camions chaque année sur le marché français.

Face à cette dynamique, il est permis d’imaginer que les agriculteurs s’organiseront bientôt pour investir dans des mini-stations GNV raccordées au réseau de gaz. L’idée : alimenter non seulement leurs véhicules professionnels, mais aussi leurs tracteurs. La révolution méthane ne fait que commencer. Reste à voir qui, demain, choisira de rouler autrement, et d’ouvrir la voie à une agriculture plus propre, plus autonome, plus résolue à ne pas dépendre des vieux schémas.