Communauté locale : Horde Amiens, infos et organisation

Groupe divers de personnes à Amiens lors d'une discussion conviviale

L’implantation de groupes radicaux ne se limite plus aux grandes villes françaises. À Amiens, l’organisation Horde opère selon des modes d’action discrets, mais structurés, échappant souvent à la vigilance des autorités locales. Leur fonctionnement s’appuie sur des réseaux en ligne et des rassemblements ciblés, rarement médiatisés.

Certaines alliances locales défient les schémas classiques de l’extrême droite, brouillant les frontières entre activisme idéologique et organisation communautaire. Les initiatives publiques restent rares, mais leur influence grandit, portée par une capacité à se réinventer et à exploiter les failles du tissu associatif amiénois.

Groupes d’extrême droite à Amiens : état des lieux et contexte local

À Amiens, la présence de l’extrême droite épouse les contours d’une dynamique nationale, tout en façonnant ses propres codes sur le terrain local. L’agglomération, cœur d’Amiens Métropole, regroupe 178 892 habitants (2019) répartis sur 39 communes, des cités urbaines jusqu’aux villages en périphérie. Plusieurs quartiers prioritaires à forte densité dessinent le paysage social. Cette géographie morcelée offre aux groupes radicaux des opportunités d’implantation, chaque faille sociale devenant une brèche à exploiter.

Dans ces conditions, la communauté locale fait face à des stratégies d’entrisme et à la diffusion de propagande. Les quartiers populaires d’Étouvie, Pierre Rollin, Amiens Nord, pour ne citer qu’eux, rassemblent 31 500 habitants (2024) et se retrouvent en première ligne face à des discours identitaires. La structure même de la communauté d’agglomération, héritée du District du Grand Amiens et officialisée au passage à l’an 2000, facilite la circulation des idées et des militants entre les différentes communes : Boves, Blangy-Tronville, Camon, Rivery, Allonville, Saveuse, Querrieu, Bertangles, entre autres.

Le territoire amiénois ne se limite pas à la ville-centre. Les logiques d’implantation de l’extrême droite s’étendent jusqu’aux villages périurbains, là où la défiance institutionnelle prospère sur un sentiment d’abandon. La réalité locale dessine une carte mouvante : centre-ville, quartiers populaires, périphéries. Sur le terrain comme dans la sphère associative, la vigilance s’exerce au fil des rencontres, de l’analyse des dynamiques et du suivi des flux militants, dans une veille constante.

Qui compose la communauté Horde Amiens et comment s’organise-t-elle ?

Au cœur d’Amiens Métropole, la communauté Horde Amiens se construit à partir des quartiers prioritaires. Étouvie, Pierre Rollin, Marcel Paul Salamandre, Les Parcheminiers, Elbeuf Lescouvé, Amiens Nord, Condorcet Phileas Lebesgue : ces territoires à forte densité génèrent une dynamique propre. Les 31 500 habitants recensés en 2024 y vivent au rythme d’enjeux sociaux qui, parfois, deviennent des terrains de mobilisation pour des groupes organisés en réseaux locaux.

La structuration de la Horde Amiens repose sur une implantation ciblée. Sarah Mille, chef de service Politique de la ville pour Amiens Métropole, intervient comme observatrice clé pour décrypter ces dynamiques. Les membres de la communauté affichent une diversité de parcours : certains issus de familles implantées de longue date dans la Somme, d’autres jeunes adultes mûs par des revendications identitaires ou des velléités contestataires.

Leur fonctionnement privilégie un agenda souple et des rassemblements informels. Les réseaux sociaux deviennent le relais principal pour lancer appels à actions ou discussions, tandis qu’une connaissance fine du territoire permet de cibler rapidement les lieux stratégiques. L’organisation, répartie entre centres urbains et communes périurbaines, favorise une transmission rapide de l’information et une adaptation instantanée des stratégies. Cette diversité des profils et la capacité à occuper plusieurs espaces simultanément complexifient leur identification, tout en rendant la communauté particulièrement agile.

Actions, manifestations et réseaux : ce que fait réellement la Horde sur le terrain

La Horde Amiens évolue dans un environnement influencé par les politiques publiques et les dispositifs d’accompagnement social, sur fond de débats autour du renouvellement urbain. Sur le terrain, l’accent est mis sur la présence dans l’espace public lors de rassemblements spontanés ou manifestations locales, souvent en marge des grands rendez-vous institutionnels du Contrat de Ville 2024-2030. Les quartiers prioritaires, en particulier Amiens Nord et Étouvie, marqués par le NPNRU 2014-2024, deviennent des espaces d’expression privilégiés.

Leur agenda s’alimente de l’actualité sociale : tensions liées à la précarité, réactions à des projets d’aménagement, interventions dans les débats citoyens. La circulation des informations se fait principalement par réseaux sociaux internes ou par le bouche-à-oreille. Des alliances ponctuelles avec le tissu associatif, ou des confrontations avec les institutions partenaires du Contrat de Ville 2015-2020 (CAF, Pôle emploi, Mission locale, bailleurs sociaux), rythment leur action. Une mobilisation rapide, quelques appels bien placés, et la communauté se retrouve dans l’une des 39 communes d’Amiens Métropole ou dans un local associatif.

Au fil des manifestations, la variété des profils saute aux yeux : certains revendiquent la tranquillité publique, d’autres dénoncent les inégalités d’accès aux droits, beaucoup cherchent à s’approprier collectivement l’espace urbain. Les thèmes du vivre-ensemble, de la lutte contre la précarité ou de la mixité sociale reviennent sans cesse. À chaque mobilisation, la Horde Amiens interroge la place laissée aux quartiers dans la politique de la ville et la cohésion de l’agglomération.

Panneau d

Quels enjeux pour la société amiénoise face à la montée de ces groupes ?

L’ascension de groupes structurés comme la Horde Amiens met au défi la cohésion sociale de la métropole, où 31 500 personnes vivent dans des quartiers prioritaires au sein d’une population totale de 178 892. Amiens, construite sur son histoire, ses parcs et jardins (281 hectares), ses itinéraires cyclables et son patrimoine, du château de Bertangles à celui de Querrieu en passant par les traces de la libération de 1944, doit composer avec de nouveaux modes d’engagement investissant ses espaces publics.

La présence de ces groupes questionne la capacité des institutions à maintenir un vivre-ensemble sans fracture. Inégalités persistantes, précarité dans les quartiers, difficultés d’accès aux droits, tout cela attise par moments la défiance. Les commémorations, les hommages au patrimoine local, de la Bataille d’Amiens aux sites archéologiques de Boves, offrent des repères, mais ne suffisent plus à apaiser les tensions autour de la place de chacun dans la ville.

Dans ce contexte, plusieurs interrogations traversent la société amiénoise :

  • Comment préserver l’équilibre entre sécurité, inclusion et liberté d’expression ?
  • Quel rôle pour la concertation citoyenne portée par le Contrat de Ville 2024-2030 ?
  • Quels garde-fous mettre en place pour contenir la montée de mouvements contestataires, surtout dans les quartiers où l’histoire collective rencontre une urgence sociale grandissante ?

À travers ses 39 communes, un tissu associatif dense et une histoire marquée par les conflits et la reconstruction, Amiens Métropole se retrouve face à ces défis. Reste à savoir comment ce territoire parviendra à répondre, sans sombrer dans la stigmatisation ni le simplisme. La suite, elle s’écrit au fil des mobilisations et des choix collectifs.